Tout savoir sur votre microbiote intestinal, face cachée de votre santé
S’il y a bien un sujet qui fait la une depuis plusieurs années en nutrition, c’est celui du microbiote. De nouvelles découvertes sont faites chaque année sur ses effets sur la santé, et les produits associés tels que les probiotiques sont de plus en plus nombreux sur le marché. Mais le microbiote est un univers vaste et complexe, pouvant amener de la confusion dans l’esprit du grand public. On vous aide donc à y voir plus clair sur votre microbiote intestinal pour mieux en prendre soin et améliorer votre état de santé général !
Qu’est-ce que le microbiote ?
Un microbiote désigne l’ensemble des micro-organismes vivant dans un écosystème donné.
Nous possédons différents microbiotes dans et sur notre corps : sur la peau, dans le système digestif, le vagin, la muqueuse buccale, la salive ou la muqueuse nasale.
Ces différents microbiotes contiennent des bactéries, mais aussi d’autres micro-organismes comme des archées, des microchampignons (le mycobiote3) et des virus (le virome4,5).
Un microbiote est spécifique et unique à chaque individu, résultant de nombreux facteurs au cours de la vie tels que l’allaitement, le régime alimentaire et la prise de certains médicaments.
Zoom sur le microbiote intestinal : face cachée de votre santé
Au sein du système digestif, le milieu acide de l’estomac empêche le développement des bactéries, et l’intestin grêle reste assez pauvre, sauf à l’approche du côlon. C’est donc ce dernier qui contient la majorité des micro-organismes de tout le système digestif, dont les bactéries représentent l’immense majorité.
Les principales familles de bactéries sont les bifidobactéries, qui dominent les premières années de la vie, les firmicutes, les actinobactéries et les protéobactéries. Dès la naissance, de nombreux paramètres vont influer sur cette composition7 (cf figure 1) : naissance par voie basse ou par césarienne, allaitement maternel ou lait artificiel, diversification alimentaire, etc. Chaque individu atteint ensuite un point d’équilibre à l’âge adulte, et son microbiote va rester plus ou moins stable durant la majorité de sa vie, avec une composition unique comme une empreinte digitale, même si l’on retrouve les mêmes souches de bases entre individus. Au cours de la vie, l’alimentation va être le principal facteur influant sur le nombre et la diversité des bactéries du microbiote intestinal.
Figure 1 : évolution du microbiote intestinal humain au cours de la vie et perturbations. Source : Ottman et al 20127
Pourquoi faut-il prendre soin de son microbiote ? Le microbiote impacte toutes les facettes de notre santé
L’activité de celui-ci est tellement fondamentale pour notre santé.
L’effet le plus évident est celui sur la santé digestive. La prise de probiotiques peut par exemple atténuer les effets secondaires d’une prise d’antibiotiques, notamment la diarrhée qui est l’un des plus courants9. Ils pourraient aussi réduire certains symptômes du syndrome de l'intestin irritable (SII), surtout pour les personnes prenant un probiotique contenant plusieurs souches pendant au moins 8 semaines10.
L’obésité est aussi liée à la santé du microbiote, les personnes souffrant d’obésité ayant en moyenne une composition de leur microbiote différente de celle des personnes de poids normal11. Certaines souches de bactéries influeraient sur notre métabolisme en nous faisant absorber plus ou moins de calories12. D’autres souches auraient un effet sur notre cerveau13 et joueraient un rôle dans notre appétit et notre satiété, nous faisant plus ou moins manger14. Les personnes souffrant du syndrome métabolique pourraient aussi bénéficier des probiotiques et des symbiotiques, plusieurs études ayant notamment montré une baisse du taux de cholestérol total avec une supplémentation15.
Enfin, le microbiote a une influence importante sur notre système immunitaire, de nombreux travaux ayant montré une réduction des risques d’infection respiratoire avec une prise de probiotiques17,18.
La dysbiose : quand votre microbiote n’est plus dans son assiette
Il arrive fréquemment que notre microbiote soit déséquilibré, avec des changements dans sa composition et son activité métabolique : c’est ce qu’on nomme la dysbiose. Une alimentation déséquilibrée, riche notamment en sucre et en glucides raffinés, et la prise de certains médicaments, comme des antibiotiques, sont les sources principales de dysbiose.
Une dysbiose peut favoriser de nombreux problèmes de santé, allant de simples symptômes comme la fatigue, à des problèmes digestifs tels que le syndrome du côlon irritable, la maladie cœliaque, des allergies ou pourrait même participer à favoriser l’inflammation chronique, avec tous les effets néfastes sur la santé que cette dernière peut entraîner.
Comment prendre soin de votre microbiote ?
Face à ce risque de dysbiose de plus en plus courant dans notre monde moderne, où nous sommes exposés à l’alimentation industrielle et ultra-transformée, à la pollution, à certains médicaments, qui peuvent diminuer la richesse de notre microbiote, il est nécessaire de mettre toutes les chances de notre côté pour prendre soin de ce dernier.
Probiotiques, prébiotiques, postbiotiques, cobiotiques… Comment s’y retrouver ?
L’erreur courante est de croire qu’il suffirait simplement de faire une courte cure de probiotiques, sans se préoccuper du « contexte » dans laquelle elle est réalisée.
Il faut tout d’abord commencer par prendre soin de l’environnement global de nos bactéries, à savoir notre intestin, pour que ces dernières puissent ensuite travailler de manière optimale. Cela passe par une alimentation riche en substances qui vont « pacifier » l’environnement en diminuant le stress oxydatif intestinal et régulant l’inflammation de la muqueuse, des « cobiotiques ». Inclure dans un second temps directement des postbiotiques comme le butyrate permettra de finir la réparation de la muqueuse intestinale. Une fois tout l’écosystème du microbiote remis d’aplomb, on pourra se focaliser plus directement sur le fait de nourrir les bonnes bactéries via les prébiotiques, grâce à une alimentation riche en fibres, et d’apporter des renforts éventuels, des probiotiques, grâce aux aliments fermentés notamment.
Les probiotiques, ces bactéries qui nous veulent du bien
Les probiotiques sont des micro-organismes vivants qui, s’ils sont administrés dans une quantité adéquate, peuvent apporter des effets positifs sur la santé de l’hôte22,23. Pour faire simple, il s’agit donc des bactéries, dont on trouve déjà les souches dans le microbiote intestinal, mais que l’on va aussi retrouver dans les aliments fermentés et dans des compléments spécifiques. Le produit alimentaire riche en probiotiques le plus connu est le yaourt, du lait fermenté à l’aide de 2 souches précises de bactéries, Lactobacillus delbrueckii subsp. bulgaricus et Streptococcus thermophilus. Le kimchi, la choucroute et lé kéfir sont aussi des aliments contenant des probiotiques. Les probiotiques les plus étudiés et que vous trouverez les plus couramment appartiennent à deux genres : Bifidobacterium spp. et Lactobacillus spp.
Les postbiotiques, des probiotiques nouvelle génération ?
Les postbiotiques sont la cause principale des effets bénéfiques du microbiote sur la santé.
Ce sont les substances produites par les bactéries du microbiote intestinal quand elles consomment des prébiotiques26. La plupart des effets bénéfiques sur la santé des prébiotiques et des probiotiques viennent en fait de ces substances postbiotiques. Il s’agit principalement d’acides gras à chaîne courte, tels que le butyrate, de vitamines et d’acides aminés comme les vitamines du groupe B, ainsi que de quelques autres molécules. Le butyrate par exemple est absorbé et utilisé au niveau du côlon, et représente la principale source d’énergie des cellules de la paroi intestinale. Il est donc un facteur important de la bonne santé de cette dernière.
Les cobiotiques, l'avenir de notre microbiote intestinal ?
Enfin, les cobiotiques, que nous avons cité, sont un concept très récent, qui repose sur l’idée de pacifier et d’améliorer l’environnement global du microbiote. En plus de nourrir les bactéries (via des prébiotiques) et d’ajouter directement ces dernières (via des probiotiques), d’autres substances pourraient influer positivement sur l’environnement intestinal afin de favoriser l’équilibre microbiotique. Ces substances sont par exemple les tanins, les flavonoïdes ainsi que les caroténoïdes. La recherche est très émergente sur le sujet et représente certainement en partie l’avenir des approches autour du microbiote.
Figure 2 : les différentes composantes de l’univers du microbiote. ©Compliment
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* Benjamin Dariouch pour Compliment
